Jesse Livermore est un trader de
légende plus connu sous le nom du «grand ours de Wall Street» Jesse fut
actif sur les marchés entre 1892 et 1940, il profita comme personne du
crash de 1907 et de 1929. En une vie, il construisit et anéantit 4
fortunes. Issu d’une famille pauvre, il quitta sa maison à l’âge de 14
ans avec rien d’autre que 5$ en poche et s’illustra très vite chez les
bookmakers au point de s’en faire interdire l’accès dans tout le pays.
Il s’installa à Wall Street et entama une longue carrière de trader.
Son
approche du marché est innovante à l’époque puisqu’il base ses trades
sur une approche momentum. On peut disséquer son approche de la façon
suivante :
.
- La lecture du comportement général du marché : lorsque le marché était clairement haussier ou baissier, il opérait de manière agressive. Lorsque le marché était sans direction, il attendait patiemment qu’il prenne une direction
- Le Timing : acheter la cassure de la ligne de moindre résistance, autrement dit attendre que le pivot d’une figure chartiste soit pulvérisé pour entrer.
- Le Momemtum et le secteur leader : en marché haussier, ses trades étaient toujours initiées sur des actions montrant de la force de par leur volume et leur mouvement générant de nouveau plus haut. Il achetait toujours l’action la plus forte du secteur. Pour confirmer ses trades, il prenait une 2e action-chef du même secteur afin de confirmer son timing pour l’achat et la revente du titre.
- Le money management :
Il utilisait un système de sonde (position de taille réduite) pour
déterminer la direction du marché et renforçait ses lignes lorsque le
marché prenait une direction. Toutes ses lignes étaient constituées en
plusieurs entrées, il mettait un jet pour voir, puis renforçait si
l’action des prix et des volumes confirmait son scénario. Il renforçait
ses positions tant que le marché et l’action allaient dans son sens. Si
l’action se comportait mal il revendait toujours rapidement sa petite
ligne en limitant sa perte à 10% depuis son niveau d’entrée. Ainsi, il
pouvait passer des mois à être majoritairement CASH sur le marché tant
que celui-ci ne prenait pas de direction.
Voici quelques citations tirées du livre d’Edwin Lefèvre «Mémoires d’un spéculateur, collection Valor» ces citations sont regroupées par thématique.
- En fait, j’ai toujours gagné de l’argent lorsque j’étais certain d’avoir raison avant même de prendre position. Ce qui me perdait c’était de vouloir prendre sans cesse de nouvelles positions.
- Celui qui a raison a toujours deux alliés à ses côtés : les conditions de base et tous ceux qui ont tort.
- Sans confiance dans son propre jugement, personne ne peut aller bien loin.
- La seule chose qu’on ait à faire quand on réalise qu’on se trompe, c’est d’avoir raison en cessant d’avoir tort.
- C’est le fait d’avoir tort, pas le fait de perdre, qui nuit le plus à votre portefeuille et à votre âme.
- La seule façon de faire de l’argent est de faire de l’argent. La seule manière de faire beaucoup d’argent est d’avoir raison exactement au bon moment.
- J’ai fait exactement ce qu’il ne fallait pas faire. Je perdais sur le coton et j’ai conservé ma position. Je gagnais sur le blé et j’ai vendu ma position.
- Il faut toujours vendre la position qui est perdante et garder celle qui est gagnante.
- De toutes les erreurs de la spéculation, il n’y en a pas de plus grave que d’essayer de moyenner une position perdante.
- C’est le besoin d’agir sans cesse et sans raison valable qui est la cause de tant de pertes à Wall Street, même chez les professionnels.
- Personne ne peut disposer de raisons valables pour acheter ou vendre tous les jours.
- Aucune personne raisonnable ne peut se plaindre de payer pour ses erreurs.
- À jouer comme un pigeon, on se fait plumer comme un pigeon.
- Il y a plusieurs espèces de pigeons qui ne diffèrent qu’en fonction de leur niveau d’expérience:
- Le novice absolu ne connait absolument rien et tient en moyenne de trois à trente semaines.
- Le pigeon expérimenté a étudié, pas le marché, mais quelques remarques faites sur le marché par un pigeon supérieur à lui. Il pense qu’il sait beaucoup de choses et le fait savoir. Il sait comment éviter de perdre son pognon en éviter les erreurs grossières que fait le parfait débutant. Il est la véritable rente, tout au long de l’année, des courtiers de tout poil. Il tient en moyenne trois ou quatre ans.
- Depuis toujours, les pigeons perdent de l’argent quand ils parient sur les actions.
- Les gros pontes de Wall Street sont toujours aussi enclins aux espoirs insensés que les vrais pigeons.
- Et pourquoi pensez-vous que j’achetais ? Tout simplement pour empêcher le cours de descendre. Si ce n’est pas une spéculation de super pigeon, qu’est-ce que c’est ?
- Dans toutes les périodes d’euphorie, des entreprises ont été constituées principalement, pour ne pas dire exclusivement, dans le but de tirer profit de l’appétit du public pour toutes sortes d’actions.
- Le spéculateur moyen spécule soit sur des tuyaux, soit sur des rumeurs.
- Méfiez-vous des tuyaux percés.
- Les professionnels de Wall Street savent qu’agir sur un tuyau d’initié peut ruiner un homme plus sûrement que la famine, la peste, les mauvaises récoltes, l’escroquerie, les changements politiques ou ce que l’on peut appeler les accidents normaux.
- Le summum de la bêtise consiste à s’échanger des tuyaux.
- Des tuyaux, tout le monde veut des tuyaux ! Les gens ont non seulement un besoin maladif d’en recevoir, mais aussi d’en donner.
- C’est une habitude des tuyauteurs d’être également demandeurs de tuyaux.
- Le tuyauteur n’a pas besoin d’insister sur la qualité des tuyaux, le chercheur de tuyaux ne cherche pas de bons tuyaux.
- On peut avoir un esprit original et une longue habitude de penseur autonome, et de temps en temps, être vulnérable aux attaques d’une personnalité persuasive.
- En me laissant influencer, j’étais totalement fichu.
- Un autre danger ennemi du spéculateur est sa réceptivité aux conseils d’une personnalité fascinante et dotée d’un esprit brillant.
- Il reste une autre source de perte : il s’agit des opérations de désinformation délibérément camouflées en tuyaux impeccables.
- De tous les tuyaux, la diffusion d’informations haussières via les quotidiens et les téléscripteurs est le plus pernicieux de tous.
- Lire le ruban
- Aujourd’hui, la lecture du ruban débité par les téléscripteurs d’antan devrait être remplacé par la lecture du carnet d’ordre, tel qu’il est accessible aux spéculateurs du monde entier.
- Les cours ne mentent jamais, mais ils ne disent pas toujours la vérité séance tenante.
- Le meilleur de tous les tuyauteurs, le plus persuasif de tous les vendeurs, c’est le téléscripteur.
- La chose la plus frappante est de constater à quel point la spéculation boursière ou les spéculateurs en bourse d’aujourd’hui ressemblent à ceux d’hier. Le jeu ne change jamais, la nature humaine non plus.
- Il y a des milliers de personnes qui achètent et vendent des actions dans un but spéculatif, mais le nombre de ceux qui spéculent avec profit est faible.
- Citant Thomas F. Woodlock : Les principes d’une saine spéculation boursière sont fondés sur la supposition que les hommes continueront dans le futur à faire les mêmes erreurs qu’ils faisaient dans le passé.
- Le spéculateur n’est pas un investisseur. Son but n’est pas de s’assurer un rendement régulier sur son investissement avec un bon taux d’intérêt.
- Le spéculateur moyen ne cherche pas à savoir si la tendance générale est à la hausse ou à la baisse. Il veut toujours apprendre quelque chose sans rien donner en échange.
- Je suis un spéculateur et donc je guette des signes, ceux des initiés qui achètent.
- Un spéculateur doit se connaître lui-même et lutter contre ses propres faiblesses.
- Un spéculateur doit lutter contre des hordes d’ennemies qui lui coutent très cher et qui sont tapies au plus profond de lui-même.
- Les pires ennemis du spéculateur sont au nombre de quatre: l’ignorance, la cupidité, la peur et l’espoir.
- L’espoir et la peur sont inhérents à la nature humaine. Le spéculateur heureux est celui qui réussit à lutter contre ces deux instincts.
- Le courage pour un spéculateur, c’est simplement la confiance d’agir selon sa propre décision.
- Je devais étudier ce qui allait arriver et anticiper les mouvements des actions. Cela m’apprit la différence essentielle entre le pari sur des fluctuations et l’anticipation des inévitables hausses ou baisses, bref tout ce qui sépare le simple pari de la vraie spéculation.
- Un spéculateur doit non seulement se comporter comme un étudiant, mais il doit être à la fois être un étudiant et un spéculateur pratiquant.
- Je n’ai jamais pensé qu’une chose était ennuyeuse si cela m’aidait à intervenir plus intelligemment.
- Pas de diagnostic: pas de pronostic, pas de pronostic, pas de profit.
- Il est impératif d’étudier les conditions de base, pour les appréhender afin d’être capable d’anticiper les probabilités.
- L’entrainement du spéculateur boursier est un peu comme la formation du médecin. Plus il gagne en expérience, plus il apprend à faire non seulement ce qu’il faut, mais aussi à le faire instinctivement, à tel point que beaucoup de gens penseront qu’il l’a fait instinctivement.
- Apprendre la manière dont se comporte un marché, c’est un peu comme prendre la température d’un patient, noter la couleur de l’iris ou l’aspect de la langue.
- J’ai constaté que l’expérience permet de gagner régulièrement et que l’observation donne le meilleur des tuyaux.
- Observation, expérience, mémoire et mathématiques : tels sont les alliés du spéculateur chanceux.
- Un spéculateur à succès ne cherche jamais à marchander avec le téléscripteur. Il ne connait pas la peur, mais n’est jamais téméraire.
- Sur le marché comme à la guerre, il est toujours utile de garder à l’esprit la différence entre stratégie et tactique.
- On doit se polariser totalement sur ses affaires, si on veut réussir dans le domaine de la spéculation boursière.
- Les spéculateurs professionnels représentent toujours la première vague d’acheteurs. Pour les faire venir, je n’ai personnellement jamais eu autre chose à faire qu’à rendre une action active.
- Malade, nerveux, déboussolé, incapable de me raisonner, j’étais donc dans un état d’esprit comme aucun spéculateur ne devrait l’être quand il spécule.
- Tout ce qui se produit sur les marchés aujourd’hui s’est déjà produit dans le passé et se produira dans l’avenir.
- Dans la pratique, on doit se méfier de beaucoup de chose, et surtout de soi-même, c’est à dire de la nature humaine.
- Une grande partie des désastres réalisés par des hommes brillants peuvent être directement attribués à la prétention, une maladie très couteuse partout et pour tout le monde, particulièrement pour un spéculateur.
- Il n’existe personne à Wall Street qui n’a pas perdu de l’argent en essayant de faire payer par la bourse qui une voiture, qui un bijou, un bateau ou un tableau.
- Que fait un homme quand il se met en tête de faire payer par la bourse une nécessité pressante ? Et bien il ne fait qu’espérer : il parie.
- Vous trouverez beaucoup de gens, réputés intelligents, qui sont haussiers simplement parce qu’ils ont des actions.
- S’emporter contre le marché parce qu’il ne réagit pas comme vous vous y attendiez, ou parce qu’il évolue irrationnellement contre vous, n’a pas plus de sens que de reprocher à vos poumons une pneumonie.
- Le public ne réagit jamais aux nouvelles en elles-mêmes. Tout est dans le sentiment général à un moment donné.
- Le changement d’opinion du public vis-à-vis des marchés boursiers prend toujours du temps. Même les spéculateurs professionnels changent d’avis lentement et ont la vue courte.
- Lorsque vous avez compris ce qu’il faut faire pour ne pas perdre d’argent, vous commencez à comprendre ce qu’il faut faire pour en gagner.
- Bien sûr, il m’arrivait de me laisser gagner par l’excitation du jeu, et je perdais alors tout jugement.
- Se retrouver sur la paille est une excellente école.
- Au sujet des interventions virtuelles sur le marché et citant le témoin d’un duelliste devant se battre le lendemain et prétendant pouvoir atteindre le pied d’un verre à vin à vingt pas:
- Pouvez-vous atteindre le pied d’un verre à vin, si ce même verre à vin vous met en joue?
- Tant que vous n’avez pas pris position, vous n’avez rien à dire ! Je dois prouver sur le marché si j’ai raison ou non.
- Sur les marchés financiers, il n’y a qu’un seul sens qui n’est systématiquement ni la hausse, ni la baisse, mais qui est le sens du marché.
- Si les conditions sont réunies, même une guerre mondiale ne peut empêcher un marché d’être haussier ou baissier.
- Il ne s’agit pas de jurer une fidélité éternelle à la hausse ou à la baisse : il ne s’agit que d’avoir raison.
- Citant Addison Cammack :
- Ne vendez pas quand la sève monte aux arbres.
- Il y a des moments ou ne peut pas plus éviter de gagner de l’argent que d’être mouillé si on sort dans la tempête sans son parapluie.
- Je savais que le marché allait monter : les conditions générales étaient favorables.
- L’expérience m’enseigne qu’il n’est pas raisonnable d’aller contre ce que j’appelle «Les tendances de groupes».
- Si je marche le long d’une voie ferrée et que je vois arriver un train à 100 km à l’heure, est-ce que je continue à marcher sur la voie ?
- Souvenez-vous que les actions ne sont jamais trop hautes pour être achetées ni trop basses pour être vendues.
- Quand un titre atteint la barre des 100, 200 ou 300 pour la première fois, le cours ne s’arrête pratiquement jamais au chiffre rond, mais sur sa lancée, continue de grimper.
- Les gens timides n’aiment pas acheter un titre au plus haut.
- Les actions d’un même groupe montent toutes en même temps dans un marché haussier et baissent toutes en même temps dans un marché baissier.
- L’expérience m’avait appris à me méfier d’une action qui refuse de suivre le leader du secteur.
- Toutes les informations d’importance annoncées entre la clôture d’une séance et l’ouverture de la prochaine sont en harmonie avec la ligne de moindre résistance. La tendance a été établie avant que la nouvelle soit publiée.
- Je n’ai jamais gagné gros avec ma tête, mais plutôt avec mon derrière, en restant assis sur mes positions.
- Mon conseil se résume tout bêtement à vous conseiller d’acheter bon marché et de revendre plus cher.
- Ne jamais essayer de vendre au plus haut, ce n’est pas raisonnable. Vendez toujours après une réaction, si elle n’est pas suivie d’un redressement des cours.
- De nombreuses personnes aiment à acheter après une bonne réaction, sous le prétexte fallacieux qu’une action qui a côté 150 est bon marché à 130 et une sacrée affaire à 120.
- On ne risque jamais de devenir pauvre en prenant ses profits. Non, vous ne le risquez pas. Vous ne risquez pas non plus de devenir riche en prenant un bénéfice de quatre points dans un grand marché haussier.
- Les gros coups ne se réalisent pas sur des petites fluctuations individuelles, mais dans les grands mouvements.
- Ce sont les grosses lignes qui font les gros gains.
- Quelle que soit la raison qu’on puisse vous opposer, il faut conserver sa ligne aussi longtemps que les forces motrices sont en action.
- Quand vous sentez que vous avez raison, vous n’aimez pas être limité par des marchés étroits.
- Les gens qui savent à la fois faire une bonne analyse et rester sur leurs positions sont très rares.
- Quand on tient une belle ligne d’actions, on doit être prêt à transformer en espèces sonnantes et trébuchantes.
- Comme le public est toujours assez massivement dans le marché, il s’ensuit qu’il perd toujours de l’argent.
- Aucun profit n’est assuré tant que l’argent n’est pas inscrit sur votre compte en banque.
- Les gros coup dans les booms sont toujours le fait du public, sur le papier. D’ailleurs, ils restent sur le papier.
Le chapitre sur la manipulation garde toute son actualité, et les processus décrits tels qu’ils se sont déroulés il y a près d’un siècle pourraient s’appliquer mot par mot simplement en changeant le nom des sociétés à des évènements très proches de nous.
- La manipulation n’est rien d’autre qu’un mode de commercialisation appliqué à la vente en gros d’actions en bourse. Secouer le marché pour faciliter des achats à bon compte sur une action qu’on souhaite accumuler est aussi une forme de manipulation : mais ce n’est pas tout à fait la même chose.
- Habituellement, l’objet de la manipulation est d’assurer la liquidité du marché.
- La manipulation entre, jusqu’à un certain point, dans pratiquement toutes les hausses d’actions prises individuellement.
- Dans la majorité des cas, l’objet de la manipulation n’est pas seulement de vendre, mais de répartir.
- Des milliers de boursiers hors du coup sont persuadés qu’un manipulateur peut tout faire : mais c’est tout simplement impossible.
- Les manipulateurs expliquent la hausse d’une manière scientifique pour faciliter la vente de leurs actions.
- Ce que l’on qualifie de raid baissier n’est en réalité rien d’autre que des ventes motivées par une connaissance des conditions réelles de l’action.
- Dans 99% des cas, les soi-disant raids baissiers sont des baisses vraiment légitimes.
- Aucune manipulation ne peut entraîner une baisse durable des actions.
- Quand une action n’en finit pas de baisser, vous pouvez parier que quelque chose ne va pas, soit avec le marché en général, soit avec cette société en particulier.
- Quand tout le monde vend et que personne n’achète, il est logique que l’action aille en enfer.
- L’excuse de la manipulation pour justifier les pertes que les infortunés spéculateurs enregistrent à cause de leur courtier et des tuyauteurs financiers spécialisés est vraiment un tuyau percé.
- Le courtier est uniquement préoccupé par ses commissions à court terme, d’où l’inévitable fausseté de la lettre boursière moyenne.
- Le tour de passe-passe qui consiste à multiplier par deux, par quatre et même par dix le nombre de titres d’une société est habituellement causé par le désir de rendre une vielle marchandise plus facile à vendre.
- L’activité de la société est à un tournant. Qui sera le premier à le savoir, les initiés ou le public ? Vous pouvez parier que ce ne sera pas le public.
- Après avoir poussé les gens à acheter l’action, la prochaine bonne action de l’initié influent qui souhaite vendre est d’empêcher les gens de vendre la même action quand il ne veut pas la tenir ou l’accumuler.
- La tendance d’un marché a toujours six à neuf mois d’avance sur les conditions réellement en vigueur.